Yasmina Reza : Je suis très désemparée

C'est ainsi que l'écrivaine qui a pondu un livre sur la campagne présidentielle de Sarkozy s'est exprimée à deux reprises sur France Inter. En fait, elle a du mal à comprendre les critiques dont elle fait l'objet sur cet ouvrage. Comme je ne l'ai pas lu (et que je ne compte pas le faire), je ne jugerai pas sur le fonds, mais s'étonner de se voir reprocher d'avoir écrit sur l'homme le plus médiatique du moment relève de la plus grande naïveté. Madame Reza réfute les accusations de coup médiatique, mais quand on s'attaque à Sarko, on sait qu'on va être sous le feu des projecteurs.
Ensuite, elle nous abreuve à la radio d'une rhétorique peu convaincante sur le fait que la matière du livre importe peu, c'est le traitement qui compte. Bof ! Encore une fois, quand le sujet est l'omniprésident, ça change tout. Le regard du lecteur est forcément biaisé par ses convictions, par les prises de position de l'homme qui manipule les médias comme s'ils lui appartenaient.
En fait, Yasmina Reza est surprise que la critique ne soit pas dithyrambique comme elle le fut pour ses précédentes productions. Elle pensait pouvoir toucher un large public tout en conservant la sympathie du monde littéraire. C'est déjà une tâche confinant à la quadrature du cercle, mais quand on traite de notre mini-Berlusconi à talonnettes, c'est mission impossible !
En plus, il semble bien que l'auteure se soit un peu emballée sur son sujet et que le résultat ne soit pas franchement à la hauteur du point de vue purement littéraire. Possible, mais écrire sur les peoples, ça rapporte gros, mais on change de catégorie et l'intelligentsia vous regarde d'un air vaguement dégouté car vous avez vendu votre âme au diable. Une assertion d'autant plus rendue crédible par l'affirmation dans un français très approximatif "Je suis très désemparée". Informons madame Reza qu'on peut être désemparée ou non, mais c'est comme être mort, on l'est ou pas, ça ne se quantifie pas.
Le plus drôle, c'est que Sarkozy prétend ne pas avoir lu le livre. Même Reza a du mal à le croire et connaissant les tendances ultra-narcissiques de l'intéressé.
Pour une fois, je vais donc suivre l'exemple de notre président bien-aimé en ne lisant pas non plus ce qui, finalement, n'est qu'un ouvrage de plus sur le people le plus retentissant qui soit. Et puis, quel intérêt, il n'y a pas un seul journal écrit, radio ou télé qui ne parlent de lui en long en large et en travers. Faut-il une dose de plus de Sarkozy dans notre vie ?
Pour ma part, non merci, je frise déjà l'indigestion.

Dominik