OTAN en emporte le gaullisme

L'information n'a pas fait les gros titres des JT, mais Hervé Morin est sorti de son état de catalepsie. Dans le Canard Enchainé de cette semaine, Sarkozy disait de lui qu'il était inexistant, mais que c'était mieux comme ça (sic) ! Là, il a tenté d'exister et finalement, on se demande si Sarko n'avait pas raison....
En effet,  il a d'abord parlé du Rafale, le fabuleux avion Dassault dont personne ne veut !!! Il a expliqué que si le constructeur y mettait moins de gadgets, on en vendrait peut-être plus (plus que zéro, ce ne doit pas être compliqué). Le plus surprenant, c'est qu'il a dit ça à une réunion sur la défense devant un parterre de hauts gradés de l'armée !!! Toujours le mot pour rire le Morin.
Plus inquiétant, il a évoqué que la France pourrait réintégrer l'organe militaire de l'OTAN en signe de rapprochement avec les USA. Rappelons que c'est de Gaulle qui avait quitté cette instance il y a quarante ans et que tout le monde s'en était félicité depuis car ça conférait à notre pays une aura et une indépendance inégalée. Retourner dans le giron américain au moment où le pays n'a plus aucune crédibilité internationale suite à sa guerre désastreuse en Irak, c'est du grand n'importe quoi. Et c'est un président se réclamant du gaullisme qui serait l'artisan de ce retour en arrière. Veut-on remplacer la Grande Bretagne dans le rôle du toutou de Georges Bush ? Pour une rupture, ce serait une rupture, mais c'était bien là une des rares traditions faisant l'unanimité chez nous.
D'un autre côté, en matière de politique étrangère, on fait très fort ces derniers temps. Entre Kouchner qui conseille au président irakien de démissionner et ignore tout de ce qui se trame dans la libération des infirmières bulgares ou Sarkozy qui réussit l'exploit de se fâcher avec la très droitière Angela Merkel, on pouvait difficilement faire pire. Je ne vois pas trop l'intérêt de se brouiller avec notre plus gros partenaire commercial et principal moteur des avancées européennes (l'Allemagne). Tout ça pour ce qui est qualifié (à juste titre) outre-Rhin comme une politique de l'esbrouffe et du populisme. Les masques médiatiques de Sarkozy sont en train de tomber et l'on s'apercevra bientôt qu'il est loin d'avoir la stature d'une président de la république. A l'instar de ses amis Bush ou Berlusconi, eux aussi très populaires au début de leurs mandats, Sarko va finir par montrer toutes les limites du politique basée exclusivement sur la communication.
Espérons que d'ici là, il n'aura pas fait trop de dégats dans le pays.

Dominik