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12 janvier 2008 6 12 /01 /janvier /2008 07:32
Voici le deuxième chapitre de mon roman jeunesse mettant en scène Odyssée la petite sorcière. Je vous le confie en version brute, susceptible d'évolution avant parution...
Lire le chapitre 1

Le malheur est dans le pré


1


Gilbert Boivin était heureux ce matin là. Il faisait beau, son petit déjeuner s'était bien déroulé et sa femme dormait encore lorsqu'il avait quitté la ferme. Il tenait sa bouteille de vin dans la main gauche en répétant sa devise personnelle : « Un Boivin, ça boit du vin, un Boileau, ça boit de l'eau ». Ce n'était pas de la grande littérature, mais ça suffisait bien à notre homme dont le seul souci était d'échapper à l'humeur massacrante de celle qu'il avait eu le malheur d'épouser vingt ans plus tôt. Certes, il se reconnaissait un léger penchant pour la bouteille, mais Jocelyne n'était pas parfaite non plus. Au diable ses sempiternels reproches, il allait retrouver ses vraies amies : les vaches.

Gilbert nourrissait une véritable passion pour ses bêtes. C'était lui qui assistait le vétérinaire pour les mettre bas et lui encore qui choisissait avec soin chacun de leurs prénoms. Les dernières nées avaient eu droit à GéraldineGastone, mais ses préférées étaient Ellena, Fiona et surtout Donatella. Elles étaient douces, paisibles et ne l'accablaient jamais. Pas une seule remontrance parce qu'il avait bu un peu trop ou avait omis d'enlever ses bottes sales. et

Comme chaque jour que le bon dieu faisait, il allait donc les retrouver pour leur tenir compagnie. Pas qu'elles en aient vraiment besoin, c'était plutôt lui qui avait besoin d'elles.

Le petit chemin serpentait entre deux bois. Après le virage, l'enclos apparaîtrait, cerné qu'il était par un champs de colza et un autre de maïs. Le colza était en fleur, ce qui conférait une jolie couleur jaune au paysage. Qui plus est, Gilbert en adorait le doux parfum et il humait déjà l'air embaumé.

Alors que le virage commençait à s'effacer sous ses pas, il aperçut Donatella couché sur le flanc. Sa position était inhabituelle. Gilbert pressa le pas, légèrement inquiet. Il découvrit alors Ellena, Fiona, Graziella, Ghislaine, Fischella, Erica dans une position tout aussi peu académique. Peu à peu, c'était tout son troupeau qui s'offrait à lui étalé dans l'herbe.

Il s'approcha de Donatella. Le corps était froid, le pouls ne battait plus. Elle était morte. Effrayé, il courut jusqu'à la vache voisine : froide et tout aussi morte. Affolé, il vérifia l'état de chacune et la conclusion s'imposa rapidement. Son troupeau avait été entièrement décimé.

Mais quoi ? Qui ? Pourquoi ?

Il n'était pas un mauvais bougre et ne se connaissait pas d'ennemi sérieux. Mis à part Raoul Lemarc peut-être avec qui il s'était disputé autrefois pour séduire Jocelyne. Mais Raoul ne lui en voulait plus depuis une éternité. Ils rigolaient même de cette ancienne rivalité autour d'un verre. Malgré son penchant, Gilbert n'était pas idiot. Il prit son téléphone mobile et il composa le numéro de Serge Rapine. C'était lui le propriétaire du champs de colza, il avait peut-être vu quelque chose.

  • - Allo, Serge ?

  • - Oui Gilbert. Quel bon vent t'amène ?

  • - Un vent de malheur, tu veux dire. Je viens de découvrir tout mon troupeau tout aussi mort qu'un chat écrasé. Tu n'aurais rien vu dans les parages ?

Serge Rapine eut un silence interloqué. La mort soudaine d'autant de vaches, ça faisait un choc même si on n'en était pas propriétaire.

  • - Ma foi non. Par contre, j'ai vu traîner par là, la Germaine Croix. Tu sais, la vieille plus ou moins rebouteuse qui soigne les bobos en échange d'une poule ou d'un lapin. M'est avis qu'elle serait bien mêlée à ça. Elle ne m'a jamais plu cette sorcière !

  • - Tu crois ? Elle ne semble pas bien méchante, pourtant. Et puis, elle m'a soulagé d'un furoncle mal placé qui me faisait bien souffrir.

  • - Te fie pas. C'est une hypocrite, je te dis. Il paraît qu'elle a déjà jeté un sort aux cochons de Raoul. Ils sont tous crevés en moins d'une semaine.

  • - Il a dit que c'était un problème avec les aliments !

  • - Pas fou le Raoul, il n'a pas voulu s'attirer les foudres d'une telle créature et il a trouvé une excuse. Et puis, pour l'assurance, c'était mieux qu'une histoire de sorcellerie.

  • - T'as peut-être bien raison. Mais qu'est-ce que je dois faire ?

  • - Faut lui demander de te dédommager, mais ça m'étonnerait qu'elle reconnaisse ses tords. Tu sais bien comment réagit cette engeance !

Gilbert Boivin était bien embarrassé car il n'avait aucun grief vis à vis de Germaine. Elle lui avait toujours été de bons services et semblait bien gentille, mais Serge avait raison. Ce n'était pas bien catholique tous ses trucs pour soigner. Il y avait comme une odeur de soufre là dedans. Une diablerie quelconque.

Gilbert essuya une larme pour le décès de toutes ses amies à quatre pattes. Même si l'assurance les lui remboursait, l'argent ne lui ramènerait pas celles qu'il avait perdues. C'était trop affreux. Il fallait que quelqu'un paie alors pourquoi pas Germaine, si c'était elle qui avait fait ça ?

  • - Il faut l'empêcher de recommencer !

  • - Bien dit Gilbert, je vais rameuter quelques amis et on va lui faire passer l'envie d'y revenir. Il ne sera pas dit qu'on ne restera pas maîtres chez nous.

Gilbert ne put s'empêcher de penser que Serge était arrivé il y a vingt ans alors qu'il avait toujours connu Germaine, mais il effaça ce détail insignifiant pour se concentrer sur l'assouvissement de sa vengeance.

à suivre...

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  • : Dominik Vallet chronique des livres et des BD, montre des planches originales, des dessins humoristiques et parle un peu de sa production personnelle...
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