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13 janvier 2008 7 13 /01 /janvier /2008 06:36
Ceci est la deuxième partie du chapitre 2 de mon roman jeunesse "Odyssée le petite sorcière".
Lire le chapitre 1

Lire la première partie

2


  • - Tu vas te dépêcher Alvin ?

  • - J'arrive !

Comme tous les matins, Odyssée hurlait après son petit frère parce qu'il trainaît des pieds pour aller à l'école. A la rentrée précédente, c'était sa mère qui tenait ce rôle, mais un changement d'horaire avait donné de nouvelles responsabilités à la petite fille. Alvin descendit tranquillement l'escalier, un sourire espiègle au coin des lèvres.

  • - On va être en retard à l'école !

  • - Je suis prêt ! Tu vois bien ! J'avais oublié de prendre ma figurine préférée.

  • - Tu sais bien que la maîtresse interdit les jouets en classe.

  • - T'inquiète, je ne lui montrerais pas. Je ne suis pas fou.

Les deux gosses quittèrent le domicile familial prestement. L'école n'était pas très éloignée, mais il fallait tout de même remonter entièrement la rue de l'église. C'est là qu'ils croisèrent Serge Rapine armé d'un fusil de chasse, suivi d'une dizaine d'hommes passablement éméchés et énervés. Chacun avait à la main, qui une fourche, qui une carabine ou une batte de baseball. Surprise par un tel cortège, Odyssée demanda :

  • - Vous allez où comme ça monsieur Rapine ?

  • - On va faire la fête à la Germaine !

  • - Mais pourquoi ?

  • - Elle a fait clamser toutes les vaches de Gilbert ! Pas vrai Gilbert ?

Gilbert Boivin avait son teint rougeaud indiquant que son amie la bouteille lui avait tenu compagnie avec un peu trop d'assiduité.

  • - Pour sûr ! Et on va lui faire passer le goût du pain à cette sorcière ! On ne jette pas un sort impuménent, impumémo, enfin bref. Elle ne va pas recommencer, je te le dis !

La troupe poursuivit sa route bruyamment. Odyssée se tourna vers son frère :

  • - File à l'école, je te rejoins tout de suite.

  • - Maman ne va pas être contente.

  • - Si tu ne dis rien, elle ne le saura pas.

  • - Tu sais que je n'aime pas lui mentir.

  • - Oui, c'est ça, quand ça t'arrange !

Sans un mot de plus, elle fila en direction du cimetière. Il n'y avait pas plus de cinq cents mètres jusqu'à la bicoque de Germaine, mais les hommes avaient pris de l'avance. Quand elle fut sur place, ils étaient déchaînés. La porte d'entrée vermoulue était défoncée et on les entendait grogner comme des bêtes en hurlant des insultes plus ou moins désordonnées visant la vieille dame.

Celle-ci était prostrée dans le jardin. Seule face à cette furie dévastatrice, elle avait renoncé à lutter.

Gilbert sortit le premier et lança à sa victime :

  • - Et que cela te serve de leçon. On ne s'en prend pas à Gilbert Boivin !

  • - Gilbert, si tu buvais moins, tu t'apercevrais qu'on t'a dupé.

  • - Je n'ai rien bu, espèce de.. de.. de mégère !

Il s'en alla, un peu penaud de n'avoir pas sur lui rabattre son caquet. Ses complices le suivirent promptement comme des moutons de Panurge. Seul restait Serge Rapine. On sentait chez lui un certain plaisir à tout briser, comme une manière détournée de montrer son pouvoir.

  • - Et tu as de la chance qu'on t'ait laissé la vie sauve la vieille ! S'en prendre à des bêtes, c'est pas humain et on n'acceptera plus tes tours de sorcellerie.

  • - Quand on n'est pas maître chez soi, on tâche de l'être chez les autres Serge...

Cette réponse eut le don de faire rejaillir la colère de l'agriculteur. Il pointa son fusil sur la joue de Germaine :

  • - Ne t'avise plus de me parler sinon j'oublierai ma promesse de te laisser en vie !

  • - Non !!!

C'était Odyssée qui intervint. Toute la scène lui faisait horreur, mais elle ne supportait pas l'idée que cela s'achève pas une mort violente. C'était à la télé qu'on voyait ça, pas dans son petit village si tranquille.

Serge Rapine haussa les épaules, abaissa son arme et tourna les talons. Il jeta un ultime regard pour mieux jouir du spectacle avec un sourire carnassier.

La fillette se précipita à l'intérieur. Tout était sans dessus dessous, comme si un ouragan avait devasté l'habitation. Les étagères pleines de fioles et de bocaux en terre cuite jonchaient le sol. Les récipients brisés étalaient leur contenu aux quatre vents des vitres cassées. La table et les chaises écartelées se répartissaient un peu partout. Quelques départs de feu prenaient ici ou là. Odyssée les éteignit du mieux qu'elle put, aidé par la propriétaire.

  • - C'est affreux ! Comment ont-ils pu ?

  • - Certains ont agi par peur, d'autres par bêtise et l'un d'entre eux par intérêt.

  • - Mais pourquoi ?

  • - Parce qu'il fallait un bouc émissaire pour la mort de ces vaches. Savamment attisé par le sieur Rapine, la colère et l'ignorance ont été mauvaises conseillères. Après, il n'est pas trop difficile de s'en prendre à quelqu'un parce qu'il est différent. S'il y avait eu des étrangers dans notre village, ils auraient sans doute payé à ma place. Là, je demeurais ce qui ressemblait le plus à un autre. Coupable, forcément coupable.

  • - C'est injuste !

  • - Oui, mais c'est la nature humaine.

  • - Et vous savez qui a tué ces vaches ?

  • - Diantre non ! Je sais que ce n'est pas moi. Jamais, je n'aurais touché à un poil de ces bêtes.

  • - Alors qui ?

  • - Je n'en sais fichtre rien, mais j'ai comme l'impression que Serge Rapine en a une petite idée.

  • - Pourquoi ?

  • - Parce qu'au-delà de sa volonté de tout anéantir, j'ai noté une once de mensonge. Le bougre a quelque chose à cacher. Mais quoi ?

  • - Je pourrais vous aider ?

  • - Toi, mais comment ? J'avais cru compendre que tu ne voulais pas de mes conseils.

  • - Oui, mais je déteste l'injustice et je veux tout faire pour la réparer.

  • - En attendant, je te déconseille de t'en mêler. Tu as vu de quoi ils sont capables.

  • - Au fait, que sont devenus Aéria et Glücklich ?

  • - Ne t'inquiète pas, ils se sont éclipsés discrètement. Ils seront quittes, comme moi, à reconstruire leur habitat, mais on n'en meurt pas, après tout !

Odyssée reprit le chemin de l'école en se jurant d'aider son amie Germaine. Sorcière ou non, cela ne changerait rien à l'affaire. Et puis, elle aimait bien Glücklich...

Fin du chapitre 2

à suivre...

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